SOMMAIRE
L’os coché n°450 : le trésor de la Grotte de Thaïs
La Grotte de Thaïs : son histoire
Sur les traces d’Homo-Sapiens
La découverte de l’os coché n°450
L’os coché exposé au Musée de Valence
Les énigmes entourant l’os coché n°450
Peut-être le plus ancien calendrier du monde ?
Une recherche européenne en cours
La Grotte de Thaïs : son histoire
La Grotte de Thaïs
est située sous le village de Saint-Nazaire-en-Royans, en Drôme, aux portes du Vercors.
Initialement baptisée "TAÏ," qui signifie blaireau en patois local, cette grotte fut ainsi nommée en raison de ses nombreuses galeries labyrinthiques évoquant les terriers de blaireaux. Depuis toujours, les habitants du village étaient conscients de son existence et semblait même être directement reliée à certaines maisons de Saint-Nazaire-en-Royans.
Des légendes locales racontent que certains visiteurs organisèrent autrefois des soirées tumultueuses, voire libertines, à l'intérieur de cette grotte. C'est en raison de ces récits captivants qu'elle prit finalement le nom d'une célèbre courtisane grecque immortalisée par l'opéra de Massenet : "Thaïs". Ainsi, le nom de cette figure légendaire fut attribué à cette grotte, ajoutant un charme supplémentaire à son mystère.
Sur les traces d’Homo-Sapiens
Il y a environ 17 000 ans B.P, des groupes d'hommes sont arrivés à Saint-Nazaire-en-Royans, où différentes tribus se sont succédées pendant 4000 ans. À cette époque, l'environnement était ouvert et froid, avec des températures avoisinant 2 à 3°C et environ 200 jours de neige par an. Dans ce paysage ressemblant à la steppe sibérienne, de grands herbivores tels que les bisons, les chevaux et les rennes coexistaient. Les rennes, en particulier, migraient vers le Sud lors d'hivers très enneigés, à la recherche de températures plus clémentes et de nourriture. Les Homo sapiens devaient alors suivre ces troupeaux pour assurer leur subsistance, ce qui les obligeait à adopter un mode de vie nomade.
> À Lire aussi : La grotte de thaïs, berceau de tribus Homo sapiens
Au fil du temps, la période glaciaire prit fin et les températures commencèrent à augmenter, entraînant l'apparition progressive de la forêt à Saint-Nazaire-en-Royans. Avec l'établissement de la forêt, les Homo sapiens n'eurent plus besoin de suivre les migrations animales, et ils commencèrent à devenir sédentaires, établissant des communautés plus permanentes et développant des modes de vie moins dépendants des déplacements saisonniers des animaux.
La découverte de l’os coché n°450
Dans les années 1960, Jacques Léopold Brochier, un archéologue, et son cousin Jacques-Elie Brochier entreprirent des fouilles dans la grotte du Taï, et connue sous le nom de Grotte de Thaïs.
Au milieu des restes de marmottes et de bouquetins, ces deux jeunes Drômois firent une découverte remarquable : un os de renne de quelques centimètres orné de multiples gravures. Cet objet fut daté de la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 12 500 ans avant J.-C., correspondant à la période Azilien.
L’os coché exposé au Musée de Valence
Parmi les objets exposés, il y a en un mystérieux qui captive l'attention des visiteurs depuis des années : l'os coché.
Il est devenu une pièce maîtresse de la collection archéologique. Il y a quelques années, lors de la rénovation du Musée de Valence
, le dessin de l’os coché fut incrusté dans la façade de celui-ci. Les visiteurs sont ainsi accueillis par une partie de notre histoire locale.
Le Musée de Valence s'est engagé dans un projet de recherche approfondie sur l'os coché en collaboration avec des experts nationaux et internationaux. L'objectif est de mieux comprendre les techniques utilisées pour graver les marques sur l'os et de décoder le sens derrière ces incisions millénaires.
Grâce aux progrès technologiques en matière d'imagerie scientifique, les chercheurs ont désormais accès à des outils puissants qui leur permettent d'examiner l'os coché sous un nouvel angle. Cette investigation approfondie pourrait révéler de précieuses informations sur les croyances, les connaissances et les pratiques des civilisations anciennes.
Plongez dans l'univers de l'os coché grâce à une vidéo expliquée par François Morel et Buridane : https://www.youtube.com/watch?v=tPxXuFX_Bk8
Pour réaliser cette vidéo, une technique de pointe en 3D a été utilisée. L'objet a été positionné sur un plateau motorisé, situé sous une demi-sphère équipée de spots LED, permettant une prise de vue en ultra haute définition sous une multitude d'angles et de prismes lumineux différents.
Les énigmes entourant l’os coché n°450
De nombreuses énigmes entourent encore l’histoire de l’os coché n°450.
Peut-être le plus ancien calendrier du monde ?
En 1991, l'archéologue américain Alexander Marschack, après avoir minutieusement étudié près d'une centaine d'os cochés découverts en Europe, parvint à démontrer que ces marques ne relevaient pas d'une simple décoration, une idée qui avait été acceptée jusqu'alors, mais qu'il s'agissait en réalité d'un système d'enregistrement du temps.
Poussant plus loin ses recherches, il avança alors l'hypothèse que ces encoches gravées pouvaient correspondre à la notation d'observations astronomiques, constituant ainsi l'un des premiers calendriers de l'humanité.
Trésor local, l’os coché a par ailleurs remporté un concours national
, en obtenant le prix “coup de cœur” décerné par le club Innovation et culture France (CLIC).
Ce prix témoigne de l’importance de l’objet dans l’Histoire.
Une recherche européenne en cours
Actuellement, un groupe de chercheurs de l'université de Bordeaux mène une étude approfondie sur l'os coché dans le cadre d'un ambitieux projet de six ans financé par le programme ERC (Conseil européen de la recherche) intitulé "Origin and Evolution of Cognitive Tools for Quantification" (ERC QUANTA). Ce projet vise à explorer les origines de la capacité de l'homme à quantifier le temps.
Pour cette recherche, un corpus initial de 6 à 7 objets a été soigneusement sélectionné à travers l'Europe, incluant 1 objet provenant d'Allemagne, 2 de Dordogne, 1 d'Espagne et 1 d'Italie.
L'objectif principal de cette étude est de remettre en question l'interprétation proposée par Alexander Marshack concernant ces objets, et de comprendre les outils et techniques utilisés pour graver ces os cochés, ainsi que les pigments utilisés pour les colorer. Les chercheurs s'attacheront également à décrypter les gestes et les méthodes nécessaires à la fabrication de ces artefacts en utilisant les nouvelles technologies d'imagerie scientifique.
La Grotte de Thaïs et l'os coché n°450 forment un mystère fascinant qui continue d'attirer l'attention. Alors que les archéologues continuent à percer les secrets enfouis, cette découverte promet de révéler des détails intrigants sur l'histoire ancienne de la région.
L’os coché n°450 est le témoin silencieux d'une époque, et sa découverte renforce notre désir de comprendre les mystères du monde qui nous entoure.
Découvrez la Grotte de Thaïs et toute son histoire à travers une visite guidée d’une heure, pour un instant réussi en famille ou entre amis !
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